lundi 24 novembre 2014

Je croise mille visages

Pour bien comprendre la réalité des personnes touchées par l'extrême pauvreté et abandonnées à la rue, il faut s'en imprégner.
On apprend beaucoup des autres et des rencontres. Moi, j'ai vu une maraude de Médecins du Monde apporter des soins à un homme mal en point. J'ai entendu un bénévole lui parler doucement pour le tenir éveillé, en lui tenant la main.
Lors d'une distribution de repas à Abribus, j'ai vu un jeune en belle santé au milieu d'hommes et de femmes, cassés, fatigués. Sa seule présence calmait une tension inévitable par le trop plein de ventres affamés.
J'ai rencontré à la Place Kléber des jeunes dont la place n'était pas à la rue, les nouveaux visages des laissés pour compte ; ceux qui n'entrent pas dans le moule. Je croise des personnes âgées qui ont travaillé toute leur vie et qui ne peuvent, avec leur maigre retraite, manger à leur faim. Je croise les doigts pour que leur logement soit préservé. Je croise chaque jour la belle Polonaise qui rêvait pour ses enfants d'une vie meilleure. Derrière la gare, sur le parking, il y a Patrick, un travailleur pauvre qui dort dans sa voiture. A Neudorf, il y a un ancien ferrailleur qui me raconte sa vie d'avant. Et cette fille, à peine 20 ans que sa famille a rejeté. Je croise, chaque jour, des gens qui veulent et qui tentent de se faire une place dans la société. Je croise mille visages. Le mien dans le reflet d'une vitre.

Mô (pour Valérie et les autres)
http://poesiesansdomicile.blogspot.fr/

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