mercredi 24 juin 2015

Nous sommes enfants du squat

(retranscription du message des enfants 23 juin 2015)

nous sommes nouveaux enfants qui vivons avec SDF.
avant nous sommes campement mais pas bon
beaucoup de saleté, beaucoup de bagarres, difficile garder sa cabane
et des gens pas bien qui viennent méchants
squat on est bien
monique dire toujours "parler français, parler français" et apprendre à nous, à papa maman pour travail pour papier
apprendre à nous pour jouer avec copains pour l'école
tous les jours apprendre mais c'est très bien on aime on a rires bien

squat on mange une fois le soir ensemble mais pas les enfants manger plus le matin beaucoup et des gâteaux pour goûter avec tartines bonnes aussi
squat enfants dans chambre que pour nous avec des images d'animaux et des images de fleurs et moi j'ai une image du ciel

on est pakistan et on est kurdes on est bons copains mieux que campement, ici on est mélangés
plus de fille copine partie en roumanie, pas rester en france

papa maman font papier et sont bien gentils tout le temps, papas fait les biffins avec copains squat, réparer choses cassées et vendre
maman fait travail manche un peu, Monique pas dire ça bien à cause police

on préfère pas campement ou que des étrangers même si même pays parce que triste et bagarre et trop de gens dire toi faire ça toi faire et donner ordre et pas apprendre français et enfants doit travailler
on veut école c'est mieux

si tu veux tu donnes un peu nous à manger c'est bien
si tu veux tu donnes pas mais faut être gentil, la bagarre c'est mal

jeudi 18 juin 2015

EMMAÜS EST - IL TOUJOURS EMMAÜS ? (Georges OTIN)

C'est en effet la question légitime que nous pouvons nous poser au regard de l'attitude incompréhensible des dirigeants d'Emmaüs suite au reportage "Emmaüs : la misère business ?" ( avec un point d'interrogation) diffusé par Canal Plus le lundi 15 juin écoulé.
En effet, qu'est-il reproché aux dirigeants sinon de tolérer des pratiques contraires aux valeurs qu'ils sont sensés défendre ?!
Que leur est-il reproché sinon de ne pas faire respecter l'objet même de leur association et de ne pas faire ce qu'ils disent sans compter dans leur propre communication et de faire ce qu'ils reprochent très souvent aux autres ?!
Que leur reproche le reportage ?
- l'accueil inconditionnel qui n'est pas/plus respecté contrairement à l'article 1 du Manifeste d'Emmaüs
- les exclusions/expulsions arbitraires de compagnons ou PSG ( Pécule - Sac - Gare) qui violent les articles 2 et 7 du Manifeste d'Emmaüs
- l'indigne statut OACAS des Compagnons qui est contraire à l'article 2 du Manifeste d'Emmaüs
- le non accompagnement des Compagnons vers leur indépendance qui porte atteinte aux articles 3 et 4 du Manifeste d'Emmaüs
- etc, etc..

Et en plus et très gentiment, on n'a pas parlé des valeurs républicaines, du droit commun , etc...
En fait, c'est la journaliste de Canal + qui défend véritablement Emmaüs lors de l'émission ?!.
Les vrais "Emmaüs" auront certainement remarqué qu'elle était totalement dans l'esprit de l'article 6 du Manifeste d'Emmaüs en employant "tous autres moyens réalisant l’éveil des consciences et le défi doivent aussi être employés pour servir et faire servir premiers les plus souffrants, dans un partage de leurs peines et de leurs luttes, privées et civiques, jusqu’à la destruction des causes de chaque misère" .
Et tous les autres n'auront pas manqué de constater qui était le plus embarrassé, qui perdait son sang froid, qui fermait les portes, qui faisaient une drôle de tête, qui fuyait, etc, etc..

Georges OTIN

https://www.facebook.com/georges.otin?fref=ts

mercredi 17 juin 2015

Emmaus France s'emballe mais ne répond pas

Emmaus serait-il tombé dans l'obscurantisme ?. Dans quoi cette gigantesque association qui couvre le territoire, l'europe et l'international a t-elle basculée?.
Malgré de nombreuses alertes sur les dysfonctionnements par des audits internes, Emmaus France n'a rien écouté, rien fait. Les réseaux sociaux ont vu l'émergence de personnes, de groupes de "mécontents" pas du tout agressifs, respectueux du travail accompli dans quelques communautés, ... Toujours pas de réaction.
Des articles de presse faisaient parfois échos à des problèmes : Emmaus n'aime guère la concurrence pour récupérer le textile, Emmaus et ses démêlées avec l'Urssaf, les communautés "rebelles", rien de bien méchant mais le silence d'Emmaus France ou ses réponses lapidaires avaient de quoi intriguer. Un article dans Liaison Sociale (plutôt sérieux comme média) en 2014 et qui déjà posait des questions sur le droit du travail etc, jamais suivis d'effets, pas même d'une réaction. 

Et là, Emmaus France s'emballe et n'est pas à la hauteur des enjeux. 
Avant même la sortie du reportage Spécial Investigation, Emmaus France envoie ses "préconisations" aux communautés, ... 
Dès le lendemain Emmaus France "répond" en envoyant sa lettre à Vincent Bolloré. Emmaus France se croirait intouchable ? et penserait pouvoir arrêter la diffusion d'une enquête ?. 
Dans cette bafouille du président, aucun engagement, aucune décision, sur une quelconque amélioration... Juste la litanie habituelle "on fait ceci, on fait cela, des chiffres bien sûr, et un léger "on n'est pas parfait". 
Le reportage pose une question qui concerne notre société entière. 
Le président ose parler de "projet alternatif" ; droit du travail bafoué, droit au logement bafoué, accueil inconditionnel bafoué, une "alternative" peu plaisante à laquelle on ne souhaite pas ajouter "liberté d'expression des médias en danger". 

Soit Emmaus France révise son fonctionnement, soit il révise sa communication et laisse l'abbé reposer en paix.

Documentaire Français 2015 | Spécial investigation - Emmaüs le business de la misère

mardi 16 juin 2015

Le mot du Vice Président d'Emmaüs France pour appeler les troupes à faire bloc avant l'émission sur Canal +.

Avant même que ne soit diffusé le reportage de Cash Investigation, Emmaus France diffuse ses consignes ...
Son Président après avoir accepté un ITW dans lequel il reconnait que l'accueil inconditionnel tant vanté n'est plus respecté depuis longtemps, que certaines communautés sont dans des dérives graves, qu'il y a des remises à la rue sous des prétextes parfois futiles (surtout en désaccord avec ce qu'était l'abbé), que les conditions de travail sont moyenâgeuses comme le statut dérogatoire des compagnons,que l'exploitation des hommes est pratiqué via des filiales installées dans des paradis fiscaux, qu'une fois entré dans Emmaus tu ne peux plus en sortir sauf a accepter de te retrouver sans droit, sans rien, ... Emmaus ne réinserre pas ! Emmaus t'utilise si tu peux lui être utile, Les plus faibles sont exclus ...
Les partenaires d'Emmaus sont issus du Cac 40, de la grande distribution, qui achètent l'image de l'abbé Pierre!

Objet : Emmission sur Canal + le 15 juin 2015


Chers amis,

Vous avez reçu un message qui vous annonçait le passage sur Canal + d’un «spécial investigation » sur Emmaüs le 15 juin. Les méthodes employées par la journaliste nous inquiètent. Préparons-nous à réagir.

Réagir, mais comment, avant de savoir ce qui sera présenté ?

De fait, nous ne connaissons pas précisément ce qui va être développé dans ce reportage. Néanmoins, nous pouvons déjà supposer qu’il sera à charge. Lors des contacts avec la journaliste, nous avons vu l’orientation de certaines questions ou réactions. La présentation sur le site de Canal + tout comme l’intitulé sont assez explicites : « Emmaüs, le business de la misère ». Même si cette émission est annoncée à une heure tardive, il ne faut pas non plus négliger l’impact de ce reportage ; des extraits repris sur le net, des communications dans les médias.
Les sujets abordés toucheront par exemple au statut des compagnons, et à leur prétendue « exploitation », à leur condition de travail, au « renvoi arbitraire », au non respect de l’accueil inconditionnel… Mais aussi au modèle économique, au volume financier que représente Emmaüs, à la filière textile…. Il est important de préparer notre réponse. Néanmoins, elle sera ajustée à l’ampleur du reportage. Nous pourrons l’évaluer au moment de l’émission, dans les jours précédents et suivants.

Dans ce cadre, nous vous suggérons :

Avant l’émission, d’organiser une réunion communautaire associant les compagnons, tous les amis et les salariés. Ce sera l’occasion de les informer de ce qui se prépare, de répondre à leurs questions, d’organiser la réponse locale. Il est bon d’associer à cette rencontre les groupes Emmaüs de votre ville ou de votre département pour préparer une réponse concertée.

Le reportage peut aussi aborder des points sur lequel nous ne sommes pas très bons… Sans chercher à régler en urgence des problèmes à travailler. Il peut être bon de s’interroger sur les points d’amélioration ; Les règles de vie sont elles bien affichées ? Où en sommes nous de la sécurité ?

Au moment de l’émission, si vous le pouvez, regardez-la ensemble ! Et ainsi vous pourrez partager vos réactions. Ce reportage peut être un choc pour tous les acteurs du mouvement, les compagnons, les bénévoles, les salariés. Etre ensemble nous rend plus fort ! Si vous vous sentez prêt, pourquoi ne pas inviter des journalistes pour assister avec vous à la projection ? Recueillir vos réactions « à chaud » ?
Si vous prenez cette option, il est important d’être suffisamment à l’aise et tous d’accord.

Dès le lendemain, et si cet émission est largement reprise dans les médias, invitez clients, donateurs, journalistes, acteurs locaux (mairie, associations, partenaires, préfecture et services de la préfecture) à une journée porte ouverte pour le jour même ou le lendemain. Vous pouvez prévoir un événement convivial, la possibilité de visiter le lieu de vie, de dialoguer avec des compagnons… Prévoyez d’afficher l’activité de la communauté, vos comptes, de présenter les solidarités, les partenariats… Il est important que cette rencontre soit co-animée par le Trépied.
Important = Faites savoir à Emmaüs France, ce que vous organisez localement. Cela sera utile aussi pour la communication nationale.
ð Vous avez déjà ci-joint un petit dossier de presse qui pourra être diffusé pour présenter le mouvement. IL est important de le compléter d’informations sur votre communauté (Sa date de naissance, l’accueil, la solidarité, l’activité…). Vous recevrez en complément un communiqué de presse le lendemain de l’émission. Il peut être bien sûr diffusé aux médias avec l’annonce de votre porte ouverte, mis sur votre site internet, vos pages Facebook, affiché ou distribué dans les salles de ventes….
N’hésitez pas à nous contacter et à nous faire part de vos questions et réactions, amicalement

Jean Pierre CAZES
Vice Président d’Emmaüs France
Branche Communautaire

mardi 26 mai 2015

Semaine De Folie

Lundi
Je suis fatiguée aujourd’hui, je ne sais pas pourquoi, j’ai le goût à rien, ça ira mieux demain ! J'ai faim.

Mardi
Le temps est lui aussi incertain. La pluie et le soleil s'amusent à se croiser. Ils se disputent le ciel. Je serais seule à la manche aujourd'hui, juste avec toutes ces paroles, ces mots qui se heurtent. Je pense. Marcel pense que je pense trop. Ma vie va toujours dans le trop pour les autres, alors que je n'ai rien.

Mercredi
Si je fais plus de 8 euros, je pourrai aller en Allemagne acheter du tabac. Si je fais plus je pourrais prendre le bus. Si je fais plus, … !.
La vie pèse plus lourd que mon sac. J'ai marché. Je suis épuisée, j'ai faim.

Jeudi
Je suis fatiguée aujourd’hui, je ne sais pas pourquoi, j’ai le goût à rien, ça ira mieux demain !
Chassée par deux types qui veulent mon point de manche pour y placer leur nana. Je vais chercher quatre gars pour le récupérer. Pas besoin de parler. Deux regardent les mecs installés au bistrot, direct dans le regard. Les deux autres aident la nana a remballer ses affaires. Je garde son carton pour m'assoir si je fatigue plus tard.

Vendredi
Une femme m'a donné ses conseils de vie. J'ai des idées de mort plein la tête.
Il pleut, je peux cacher mes larmes.

Samedi
Chris est amoureux, alors il prend la tête à tout le monde. Avec moi, il l'a met en veilleuse. A travers cette saloperie de drogue il a quand même percuté. Ces histoires d'amour font jaillir une violence froide, aride, percutante. Juste avec les mots.

Dimanche
Rien. Le vide. J'ai faim.

Lundi
Et voilà, ça recommence.

Copine - SDF Alsace

lundi 4 mai 2015

Cette action hygiène à la gare, on témoigne un peu

Avant-hier... les jours filent, c'était déjà avant-hier et je garde des moments de cette action à la gare...  en désordre !
Lui, l'ancien à qui Anne trouve une paire de baskets à sa taille. Lui qui avait des chaussures trop petites, qui marchait sans se plaindre, il est satisfait dans sa petite barbe. Une satisfaction discrète. Et c'est discrètement qu'il a été voir un autre monsieur avec cette paire de chaussures trop petites pour lui mais à la bonne taille pour l'autre. On ne va pas gaspiller, elles sont bonnes...  
Elle, petite, petite taille, petite demande, toute en retenue. Quelques affaires et soudain, je me souviens en regardant son visage marqué que j'ai du maquillage. Un petit sac rempli de crayons et de ces choses qui font plaisir aux femmes. Elle repart avec de quoi se transformer en arc-en-ciel et un sourire que nous avons vu éclore. Un beau sourire.     
Lui, le taiseux, le solitaire, qui s'approche des vêtements les mains encore pleines de cake salé qu'il a enfourné vite fait dans sa bouche, à qui je dis "attention aux vêtements" et qui immédiatement s'emporte. Il ne part pas très loin et retourne vers ce cake, ce délice...  Donnez donc un petit sac à emporter à ce monsieur et pensez à offrir de quoi s'essuyer les mains à tous... il demande une serviette, il semble satisfait, c'est Malika qui va l'aider à s'habiller. Il part ensuite avec de quoi se changer.  Je sais qu'il est  malade "dans sa tête" comme  on dit pudiquement "à la rue" et qu'il n'a pas de soins  appropriés  ;  le fameux suivi. Il s'en sort bien en se tenant à l'écart de tout ce qui lui fait mal ;  à l'écart des hommes,  loin des paroles. Il reviendra nous voir. 
Il est maigre celui là, il a tout du chien battu ; triste. Il est sale le pauvre, ça m'est insupportable, ...   Je suis triste, il le sent et il me console : on fait  parfois à l'envers des sentiments  !  Il  est là depuis septembre, ne téléphone jamais au 115, ne rencontre aucune association ;  sauf Abribus.  Pourquoi seulement Abribus ? Pour l'écoute, parce qu'il n'y a jamais de questions, ou alors comme ici, entre deux  personnes, discrètement ; en intimité dans la foule...  Se mettre en intimité, se parler par petites touches. Il est habillé de la tête aux pieds et Corine l'a bien nourri...
Je n'en reviens pas ! Le rasta est là, bon ok, me direz-vous, ça ne vous semble pas extraordinaire, si si car il reste. Il est resté les deux heures !!!  Adopté par tous, il nous a adopté. Lui aussi ne fréquente qu'Abribus parfois. Parfois !  Il insiste c'est important. Il porte, non pardon, il portait les mêmes chaussures depuis sept ans...   Le reste pareil. On s'est salué en partant, en se faisant des gestes de la main.
Franck et Franck donnent un coup de main, l'un aux vêtements, l'autre reste à côté de Rémy qui distribue, entre autres choses, les kits hygiène très demandés … Corine est habillée avec plein de couleurs, je la regarde, tous regardent ces couleurs  et ce sourire dont elle ne se sépare jamais… Simone on l'oublie, elle est très très discrète, mais elle prend pleins de photos, mais pas que. Simone c'est une apprivoisante des gens et du vivant en général. Damien reste dans son coin. Il découvre les deux personnes de l'équipe de rue venues à notre rencontre. Ils sont venus voir, et moi je vois combien ils sont appréciés en général. Je vois des gens qui en profitent pour évoquer un souci. C'est extraordinaire. Réellement !  Car dans un autre contexte il se dit des choses  qui se se disent pas dans leur travail de maraude, faute de temps ou d'envie, de je ne sais quoi. L'ex d'Emmaus est là. Se faire virer d'une communauté ça signifie sans droit, rien, le vide administratif. Et ça fait mal. Je vois
Je vois        
des gens, des personnes,
après on se découvre un peu             
un peu et, à la prochaine, prenez soin de vous   
@MoMaitte

Le contexte ? être sans logement, sans hébergement donc sans douche, sans machine à laver ; jusque là vous visualisez ?. Après on essaye d'imaginer le "comment". Comment on fait pour prendre une douche, comment on fait pour se changer, comment on stocke ses vêtements, comment on fait pour les laver, ???  comment et non pourquoi.  Ensuite on discute tranquillement des conditions, on fait avec la réalité, avec la vérité en somme. La vérité est agréable à partager, les doutes qui l'accompagnent aussi. A bientôt

PHOTOS DE SIMONE FLUHR