lundi 4 mai 2015

Cette action hygiène à la gare, on témoigne un peu

Avant-hier... les jours filent, c'était déjà avant-hier et je garde des moments de cette action à la gare...  en désordre !
Lui, l'ancien à qui Anne trouve une paire de baskets à sa taille. Lui qui avait des chaussures trop petites, qui marchait sans se plaindre, il est satisfait dans sa petite barbe. Une satisfaction discrète. Et c'est discrètement qu'il a été voir un autre monsieur avec cette paire de chaussures trop petites pour lui mais à la bonne taille pour l'autre. On ne va pas gaspiller, elles sont bonnes...  
Elle, petite, petite taille, petite demande, toute en retenue. Quelques affaires et soudain, je me souviens en regardant son visage marqué que j'ai du maquillage. Un petit sac rempli de crayons et de ces choses qui font plaisir aux femmes. Elle repart avec de quoi se transformer en arc-en-ciel et un sourire que nous avons vu éclore. Un beau sourire.     
Lui, le taiseux, le solitaire, qui s'approche des vêtements les mains encore pleines de cake salé qu'il a enfourné vite fait dans sa bouche, à qui je dis "attention aux vêtements" et qui immédiatement s'emporte. Il ne part pas très loin et retourne vers ce cake, ce délice...  Donnez donc un petit sac à emporter à ce monsieur et pensez à offrir de quoi s'essuyer les mains à tous... il demande une serviette, il semble satisfait, c'est Malika qui va l'aider à s'habiller. Il part ensuite avec de quoi se changer.  Je sais qu'il est  malade "dans sa tête" comme  on dit pudiquement "à la rue" et qu'il n'a pas de soins  appropriés  ;  le fameux suivi. Il s'en sort bien en se tenant à l'écart de tout ce qui lui fait mal ;  à l'écart des hommes,  loin des paroles. Il reviendra nous voir. 
Il est maigre celui là, il a tout du chien battu ; triste. Il est sale le pauvre, ça m'est insupportable, ...   Je suis triste, il le sent et il me console : on fait  parfois à l'envers des sentiments  !  Il  est là depuis septembre, ne téléphone jamais au 115, ne rencontre aucune association ;  sauf Abribus.  Pourquoi seulement Abribus ? Pour l'écoute, parce qu'il n'y a jamais de questions, ou alors comme ici, entre deux  personnes, discrètement ; en intimité dans la foule...  Se mettre en intimité, se parler par petites touches. Il est habillé de la tête aux pieds et Corine l'a bien nourri...
Je n'en reviens pas ! Le rasta est là, bon ok, me direz-vous, ça ne vous semble pas extraordinaire, si si car il reste. Il est resté les deux heures !!!  Adopté par tous, il nous a adopté. Lui aussi ne fréquente qu'Abribus parfois. Parfois !  Il insiste c'est important. Il porte, non pardon, il portait les mêmes chaussures depuis sept ans...   Le reste pareil. On s'est salué en partant, en se faisant des gestes de la main.
Franck et Franck donnent un coup de main, l'un aux vêtements, l'autre reste à côté de Rémy qui distribue, entre autres choses, les kits hygiène très demandés … Corine est habillée avec plein de couleurs, je la regarde, tous regardent ces couleurs  et ce sourire dont elle ne se sépare jamais… Simone on l'oublie, elle est très très discrète, mais elle prend pleins de photos, mais pas que. Simone c'est une apprivoisante des gens et du vivant en général. Damien reste dans son coin. Il découvre les deux personnes de l'équipe de rue venues à notre rencontre. Ils sont venus voir, et moi je vois combien ils sont appréciés en général. Je vois des gens qui en profitent pour évoquer un souci. C'est extraordinaire. Réellement !  Car dans un autre contexte il se dit des choses  qui se se disent pas dans leur travail de maraude, faute de temps ou d'envie, de je ne sais quoi. L'ex d'Emmaus est là. Se faire virer d'une communauté ça signifie sans droit, rien, le vide administratif. Et ça fait mal. Je vois
Je vois        
des gens, des personnes,
après on se découvre un peu             
un peu et, à la prochaine, prenez soin de vous   
@MoMaitte

Le contexte ? être sans logement, sans hébergement donc sans douche, sans machine à laver ; jusque là vous visualisez ?. Après on essaye d'imaginer le "comment". Comment on fait pour prendre une douche, comment on fait pour se changer, comment on stocke ses vêtements, comment on fait pour les laver, ???  comment et non pourquoi.  Ensuite on discute tranquillement des conditions, on fait avec la réalité, avec la vérité en somme. La vérité est agréable à partager, les doutes qui l'accompagnent aussi. A bientôt

PHOTOS DE SIMONE FLUHR


















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